(itw de nice-matin, manifestement réalisée avant la réunion d'hier soir)
David Lisnard (adjoint au maire de la ville de Cannes), "Ne pas céder à la tentation démagogique"
Suite aux attaques verbales de M. Saïd Fakhri (voir notre édition d’hier en page sports) lancées à l’encontre de la municipalité cannoise en général et de son député-maire, Bernard Brochand en particulier, sur ce qu’il est convenu d’appeler désormais l’affaire AS Cannes, David Lisnard, le premier adjoint de la commune, a souhaité apporter ses réponses et son éclairage averti sur un dossier de plus en plus nébuleux.
M. Lisnard, que répondez-vous aux vérités de M. Fakhri sur le dossier du foot cannois ?
Je suis moi aussi convaincu que M. Saïd Fakhri est un homme honnête et intègre, mais à la lecture de ses propos et en l’absence de Monsieur le Maire, qui a toujours géré avec volontarisme en direct les dossiers de l’AS Cannes, il est de mon devoir de répondre au nom de la municipalité et au regard de mes convictions personnelles, aux griefs infondés adressés à la ville et à son premier magistrat.
« La plus importante subvention en National »
Qu’en est-il de cette subvention revue à la baisse de moitié ?
M. Brochand n’a jamais fait la promesse de porter le montant de la subvention à un montant de 1 200 000 E pour la saison 2011/12. Il s’est exprimé très clairement à de nombreuses reprises et encore dernièrement au conseil municipal. Il avait été annoncé que le financement, aujourd’hui de 700 000 E uniquement pour l’équipe de National, serait diminué pour la saison 2010/11 si le club n’accédait pas à la L2. Malgré un nouvel échec sportif, Bernard Brochand a maintenu cet effort de 700 000 E et je précise d’ailleurs que cette somme, fournie par une municipalité en France, est la plus importante pour un club de National (23,53 E/habitant). Pour preuve, quelques exemples : moins de 450 000 € pour le RC Strasbourg, soit 3,75 €/ha ; moins de 250 000 € pour Orléans, soit 2,06 €/ha ; 500 000 € pour Amiens, soit 6,92 €/ha.
« Des responsabilités auprès du contribuable »
Le foot à Cannes a-t-il encore sa place ?
Comment peut-on douter de l’attachement intense qui nous lie aux couleurs ascéistes. Je rappelle la présence assidue de notre Maire à tous les matchs et cela depuis très longtemps et aussi qu’il a lui-même porté les couleurs de ce club. A titre personnel, l’AS Cannes est inscrite dans la tradition familiale puisque mon père y a signé son premier contrat professionnel, mon oncle (Henri) en a été le président bénévole de l’association et mon grand-père fut un dirigeant emblématique et généreux dans les années 50/60. Maintenant, je tiens à dire très clairement que notre amour pour ce club ne doit pas l’emporter sur notre responsabilité à l’égard des contribuables. On ne peut pas résumer cette situation en disant que d’un côté il y a ceux qui aiment le foot et qui sont les gentils et de l’autre, ceux qui sont garants de la bonne gestion d’une ville et qui sont les méchants. Je connais les dérives potentielles du foot et il est tout à notre honneur d’y résister, même si cela provoque des reproches de la part d’un opposant politique qui a dit d’un ton extrêmement léger « qu’une rallonge de subvention n’était pas la fin du monde ! ».
« Soutien confirmé devant le CNOSF »
Quelle est votre position aujourd’hui vis-à-vis des responsables du club ?
Je regrette que l’on en soit arrivé là car il est encore temps de sauver le club. D’ailleurs, je renouvelle à M. Fakhri le soutien de la commune pour l’aider à réussir le passage du dossier cannois devant le CNOSF, comme nous l’avions déjà fait en 2005.
Pourquoi ne pas avoir soulevé ces difficultés financières entre vous bien avant ce clash pour tenter de trouver des solutions ?
Encore une fois, je tiens à rectifier les propos de M. Fakhri quand il dit nous avoir alertés depuis plusieurs mois sur ce qui pouvait arriver face à la DNCG, là aussi nous avons un courrier daté du 23 mai 2011 qui témoigne du contraire puisque ce sont nos services qui sollicitent le club pour un rendez-vous afin d’évoquer ensemble l’actualité et le devenir de l’AS Cannes. Courrier resté sans réponse.
Avez-vous fait pression sur l’Association, comme cela a été évoqué ?
Cette convention est renégociée et signée chaque année, sans qu’il y ait le moindre souci. Quant au solde de la subvention de 25 000 E qui reste dû entre le 15 juillet et le 31octobre 2011, il ne sera débloqué qu’après réception d’un compte-rendu financier relatif aux missions d’intérêt général (actions dans les écoles) et d’un rapport d’activités sur ces dites missions. Des documents, réclamés en janvier 2011 par notre service des sports et qui ne nous sont toujours pas parvenus.
« Un carnet d’adresses n’est pas un carnet de chèques »
M. Fakhri reproche aussi à M. Brochand de ne pas avoir tenu ses promesses pour lui accorder son soutien auprès des entreprises du bassin cannois, qu’en est-il vraiment ?
Depuis 10 ans, Bernard Brochand a prouvé sa capacité à aider le club, mais, après, entre ce qui se passe entre un homme d’affaires et les responsables du club, ce n’est plus la responsabilité de la mairie. Un carnet d’adresses ce n’est pas une boîte magique, ni un carnet de chèques. Les dirigeants cannois devraient d’abord se pencher sur l’échec sportif du club et là personne ne peut l’imputer à la mairie. Quand une entreprise connaît des difficultés financières, avant d’attaquer son principal partenaire, qui reste quand même la ville, il faut d’abord revoir ses propres dépenses comme la masse salariale et les rémunérations des uns et des autres. Sur tous ces points, les supporters ont droit à toute la clarté et je suis prêt à les rencontrer pour répondre à toutes leurs questions.
Etes-vous confiant avant le dernier recours devant le CNOSF ?
J’espère vraiment que le club va une nouvelle fois parvenir à remporter ce match. Je crois sincèrement au projet de M. Fakhri et j’espère qu’il a une pleine connaissance de ce qui se passe aujourd’hui et qu’il n’est pas victime de son entourage.
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Compte-rendu reunion dirigeants/supporters hier soir (site non officiel de l'AS cannes www.ascannes..org)
Comme attendu, la réunion de ce soir a suscitée un certain engouement chez les amoureux de l'AS Cannes. Face à nous les dirigeants : Messieurs Fakhri, Xavier Nielsen et Thomas Dersy et Michel Cavargini (suivi un peu plus tard dans la soirée par Franck Scarlatti et David Lisnard).
Le constat est simple mais aura pourtant nécessité une réunion de plus de de 3h30 ! Un déficit avoisinant les 1,5 M€ serait reproché au club. Même si la famille Fakhri a apporté les garanties financières couvrant ce passif, celles-ci n'ont pas été acceptées par la DNCG Amateur ... Les participants de la réunion soulignent que la DNCG "Professionnelle" n'aurait pas rejetée une telle garantie.
Pour Monsieur Fakhri, le passage devant le CNOSF devra passer par une injection de la somme manquante sur le compte de l'ASC. A noter que M. Fakhri, se qualifiant de mécène, a injecté dernièrement 1,4 M€. La somme totale injectée par la famille Fakhri depuis leur arrivée s'éléverait à plus de 10 M€.
Le débat s'est alors limité à un bras de fer entre les dirigeants et les représentants de la Mairie. Ces derniers ont été clairs, il n'est pas question d'offrir une rallonge aux 700 K€ alloués par le club. Cette somme correspond à l'engagement de la mairie depuis le début. Il est tout de même souligné que la Mairie peut "techniquement" apporter un financement plus important (jusqu'à hauteur de 1,6 M€). Les dirigeants ont, par ailleurs, reproché le peu de soutien de la Mairie dans la recherche d'actionnaires. Le sponsoring de l'ASC rapporte au club près de 400 K€, somme acquise dans sa quasi totalité par le club lui-même sans la moindre aide de la ville de Cannes.
Il serait étonnant que la position évolue dans les prochains jours. Le sauvetage ne tiendra alors qu'à un énième financement de Monsieur Fakhri, lequel a demi-mot ne l'a pas du tout exclu. C'est la clé pour lui d'un soutien du dossier par le CNOSF.
La Mairie propose ses relations pour réaliser un certain lobbying auprès de décideurs mais pour le moment la famille Fakhri refuse cette forme d'aide laquelle lui semble insuffisante.
Aucun appel particulier auprès des supporters n'a été lancé à l'exception du soutien de tous en commençant par la signature de la pétition en ligne :
www.ascannes.org/phpPetitions/index.php?petition=3 (près de 1000 signatures)
La Mairie a invité les dirigeants à une réunion demain pour étudier le dossier. Les représentants de la Mairie se sont par ailleurs engagés à la participation de Monsieur Brochand au passage de l'ASC devant le CNOSF ... s'il est évidemment sollicité par le club.
La réunion s'est clôturée sur une déclaration (d'amour) très touchante de Ziad Fakhri, visiblement très affectée par la situation de l'ASC. Il ne veut être le responsable de la descente de son club en CFA, il serait même prêt à laisser les rênes du club à tout investisseur sérieux capable de sortir l'ASC de cette impasse.
En terme de calendrier, le club est toujours en attente des griefs de la DNCG ! Le club n'a toute fois pas perdu de temps pour faire appel auprès du CNOSF.
D'un point de vue externe, on ne peut blâmer aucune partie : la Mairie a assuré ses engagements et la famille Fakhri a déjà tellement fait pour le club. Il est néanmoins bien triste de constater que la vie du club tienne pratiquement qu'à la subvention municipale et surtout au mécène de la famille Fakhri . L'avenir de l'ASC est bien incertaine ce soir ...